Impact
Sophie Bissonnette figure parmi les pionnières du cinéma documentaire indépendant au Québec. Son premier long métrage documente l’implication des femmes dans une longue grève de mineurs à Sudbury. Dans ses prochains films, elle poursuit son engagement à donner une voix aux femmes, principalement de milieu populaire.
Sophie Bissonnette a travaillé en collaboration avec des organismes communautaires pour réaliser des vidéos participatives avec des femmes immigrées et des femmes en situation de vulnérabilité dans le cadre d’ateliers de récit de vie. Elle a également réalisé des œuvres éducatives en collaboration avec Relais-femmes. Elle a produit des vidéos de prévention et sensibilisation sur l’excision.
Tous ses films ont connu une très grande diffusion, que ce soit en salle à Montréal et en région, dans les festivals internationaux, à la télévision ou sur le web. Elle a reçu plusieurs prix pour ses documentaires dont le prestigieux prix UNICEF pour « Sexy inc. Nos enfants sous influence », un des films de l’ONF les plus visionnés. Ses films ont largement contribué à nourrir les débats publics sur de grands enjeux de société et pour le changement social.
Innovation
Sophie Bissonnette a donné une voix aux femmes les plus souvent invisibles ou laissées pour compte par les grands médias: les ouvrières, les ménagères, les femmes immigrées, les femmes et fillettes victimes de violence, les femmes assistées sociales. Elle a fait preuve de vision en s’intéressant aux grands enjeux de société afin que ses œuvres puissent contribuer aux débats sociaux autour de sujets d’une grande actualité tels que la pauvreté, l’organisation du travail, l’immigration, la violence faite aux femmes, l’accompagnement lors d’une grossesse, la sexualisation dans les médias, le vieillissement des femmes. Ses films, en célébrant les accomplissements et les luttes des femmes, s’inscrivent dans une volonté de changement social.
Sophie Bissonnette a également fait preuve d’innovation au niveau de la forme cinématographique. Chacun de ses documentaires propose une forme unique, adaptée au sujet, basée sur une recherche en profondeur et intégrante de la musique originale, des séquences animées, des petites mises en scène et de l’humour! Dans le cadre des ateliers de récit de vie pour femmes de 50 ans et plus, offerts en collaboration avec des organismes communautaires dont le Y des femmes de Montréal, elle a développé une démarche originale de création collective en vidéo qui a fait l’unanimité.
Engagement
Très engagée comme militante féministe dès ses années universitaires, notamment au comité de lutte pour l’avortement libre et gratuit, Sophie Bissonnette est demeurée très active dans le milieu féministe. Elle est régulièrement invitée à présenter ses films et à donner des conférences. Avec chacun de ses projets, elle s’est impliquée bien au-delà de la production du film. Elle fait preuve d’une grande écoute et ouverture lors des discussions, toujours soucieuse d’accorder une place équitable à chacun et chacune et de favoriser un climat propice aux échanges.
Sophie Bissonnette s’est également profondément engagée dans le milieu du cinéma québécois indépendant pour défendre le cinéma d’auteur et le cinéma des femmes. Elle a été active aux conseils d’administration de l’Association des Réalisateurs et Réalisatrices du Québec, à la maison de distribution à but non lucratif Cinéma Libre. Elle est cofondatrice et a été très active à la Fondation Léa Roback qui offre des bourses d’études à des femmes de milieu défavorisé, aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal qui ont célébré leur 20e édition cette année. Elle est toujours active à l’association Réalisatrices équitables dont l’action a contribué à obtenir tout récemment la parité pour les femmes dans l’attribution des fonds publics en cinéma au Québec et au Canada.
Inspiration
Dès ses débuts professionnels, Sophie Bissonnette a choisi non seulement de dénoncer les injustices, mais de proposer des changements sociaux en mettant en valeur des femmes inspirantes par leur action et par leur personnalité. Que ce soit les pionnières du féminisme Léa Roback et Madeleine Parent qu’elle a fait connaître par ses documentaires et qui continuent aujourd’hui d’inspirer les jeunes générations; que ce soit les ménagères de Sudbury qui, lors d’une grève, découvrent leur pouvoir pour se mobiliser contre une compagnie intransigeante ou les marcheuses du Mozambique qui, à l’occasion de la Marche mondiale des femmes, dénoncent les violences dont elles sont victimes. En conservant ces histoires et en les diffusant, elles continuent d’inspirer les générations futures à l’action pour obtenir justice. Le travail de réalisation documentaire s’accompagne toujours d’un long travail de diffusion par la suite. Les discussions qui suivent les projections des films et qu’elle anime sont autant d’occasions pour motiver les gens à agir sur leur vie et participer au changement social.
Sophie Bissonnette a pu constater à d’innombrables occasions combien un bon documentaire peut être porteur de changement. Les personnes qui participent à ses documentaires lui ont également témoigné d’innombrables fois à quel point l’expérience du documentaire en soi avait été un facteur positif dans leur vie. Les ateliers de récit de vie qui ont constitué des lieux de partage et de formidables instruments de prise de conscience par les femmes de leur pouvoir, leur permettant de surmonter les obstacles et les propulsant plus loin.