Biographie de Sonia Lupien
Coup de foudre pour la science
Sonia Lupien grandit avec son père à Sainte-Agathe, petite ville dans la région des Laurentides. Fille des montagnes, Sonia sent rapidement le besoin de sortir de sa ville natale pour aller explorer le monde.
Bien que ses capacités intellectuelles dépassent la norme, Sonia commence le cégep sans trop savoir ce qu’elle veut faire de sa vie. Lors d’un cours de psychologie, elle tombe cependant dans la marmite de la « science du cerveau ». Au fait de son intérêt pour la biologie et la psychologie, l’un de ses professeurs, M. Ducharme, lui suggère alors de lire un article scientifique publié par deux chercheurs venant tout juste de gagner un prix Nobel pour leurs travaux sur la conscience divisée entre les hémisphères droit et gauche du cerveau. Cette lecture marquante éveille en elle une nouvelle passion.
Alors âgée de 16 ans, Sonia Lupien est fascinée par le sujet et se lance dans une recherche inoubliable sur le dédoublement de la personnalité qui lui confirme ce qu’elle veut faire dans la vie : chercheure. Suite à une visite au bureau de l’orienteur du cégep, Sonia entreprend les démarches nécessaires pour faire carrière en science. Quelques années plus tard, Sonia fait sa maîtrise sur le sujet. Pour elle, ce point tournant démontre à quel point les enseignants peuvent avoir une influence sur leurs étudiants s’ils prennent le temps de les écouter et de les connaître. À travers l’écoute et l’entraide, les possibilités d’accéder aux rêves les plus fous peuvent devenir réalité.
Sonia Lupien détient un doctorat en neurosciences de l’Université de Montréal et a fait ses études postdoctorales à l’Université de Californie de San Diego et à l’Université Rockefeller de New York. Professeure de psychiatrie à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, elle est également titulaire d’une chaire de recherche du Canada, où elle a reçu 1,4 million de dollars pour ses études. À travers les années, Sonia a reçu de nombreux prix et ses recherches ont été publiées dans plusieurs revues scientifiques.
Le stress comme thématique de recherche
Depuis plus de 20 ans, Sonia Lupien étudie les mécanismes du stress et leurs effets sur la performance et la mémoire. Au début de sa carrière, Sonia était impliquée dans des projets de recherche tous plus complexes et intellectuels les uns que les autres. En 2000, elle démontre, grâce à une étude colossale, que le passage de l’école élémentaire à l’école secondaire génère une augmentation des hormones du stress et une symptomatologie dépressive chez les adolescents.
Cependant, la recherche confinée dans un laboratoire ne lui convient plus. Sonia Lupien prend conscience, à travers ses conférences, que l’interaction humaine et l’échange d’information l’allument. Les gens qui viennent la voir après ses discours avec des questions et des préoccupations concrètes l’aident autant qu’elle les aide. En quête d’un nouveau défi, c’est lors d’une balade avec son chien (l’occasion idéale pour réfléchir et trouver de l’inspiration), qu’une idée germe en elle : Comment faire pour que « Madame Gendron, mère monoparentale de trois enfants, isolée, vivant dans un sous-sol d’un quartier défavorisé » ait accès aux résultats de ses travaux de recherche ?
La vie au service des gens
Le personnage fictif de « Mme Gendron », qui représente monsieur et madame tout le monde, devient une nouvelle source d’inspiration pour Sonia qui la ramène aux sources de sa pensée scientifique. Depuis 10 ans, les travaux de recherche de Sonia Lupien doivent répondre aux besoins du public, surtout à ceux des victimes silencieuses.
Sonia Lupien pousse alors ses découvertes à un autre niveau. Avec son équipe, ils créent le programme Dé-stresse et progresse, qu’ils testent sur 504 adolescents. Ce programme adapté aux enfants en phase de transition du niveau primaire au secondaire, leur permet d’apprendre ce qu’est le stress, comment le reconnaître et comment s’y adapter. Sonia crée aussi le programme Mon fantastique cerveau destiné à faire découvrir cet organe fascinant aux jeunes de 7 à 9 ans tout en s’amusant.
Alors que Dé-stresse et progresse prouve son efficacité, Sonia se questionne (lors d’une autre promenade avec son chien) sur comment aller plus loin avec ce programme. La solution : former les professeurs. Avec son équipe, elle entreprend de former 200 professeurs qui joueront un rôle d’ambassadeur en relayant les connaissances dans leur équipe. La formation Dé-stresse et progresse accueille maintenant tous types professionnels dans le domaine de l’éducation : conseillers scolaires, infirmières, psychoéducateurs, psychologues scolaires, directeurs, etc. À ce jour, plus de 65 000 élèves ont pu profiter de ses deux programmes. Le site internet stresshumain.ca donne également accès au public à l’information sur les découvertes scientifiques de Sonia Lupien et les programmes offerts.
Pour un chercheur, la question du financement est inévitable et Sonia Lupien n’y échappe pas. Après des années difficiles à déposer une demande de subvention par projet, elle suit maintenant les conseils d’un ami et dépose cinq projets par demande de subvention, ce qui augmente la probabilité de financement. En outre, Sonia Lupien entame la commercialisation de ses programmes avec l’implantation de Stress & Cie en milieux de travail. En réinvestissant tous les fonds générés par les ventes du programme dans ses recherches, Sonia s’assure d’un financement adéquat.
A titre de directrice du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal de 2008 à 2015, Sonia Lupien va trouver du financement auprès de Bell Canada (Cause pour la cause) pour aider de jeunes chercheurs telles Dr. Isabelle Ouellet-Morin à développer +Fort, une application mobile offrant un soutien aux jeunes qui vivent de l’intimidation. Tous les programmes et applications que les chercheurs du centre ont développés avec l’aide de Sonia Lupien ont pour but de contrer la dépression et le suicide et sont utilisés par des écoles et professionnels de la santé. Ses recherches et ses travaux ont donc un impact direct dans la société.
À la fin de l’une de ses conférences, une femme confie à Sonia Lupien sa détresse face à la profonde dépression de son mari, à la stigmatisation associée à cette maladie et aux conséquences néfastes de la dépression sur leurs deux enfants. Sonia Lupien crée alors le projet Les victimes silencieuses démystifiant les effets du stress sur les conjoints et les enfants d’individus souffrant de dépression majeure.
Rendre accessible les résultats de la recherche
Depuis dix ans, les recherches de Sonia Lupien proviennent des besoins du public. Avec ses talents de vulgarisatrice, elle arrive à rendre accessibles ses connaissances par un langage clair, précis et compréhensible. Elle réalise des entrevues dans les médias et est présente sur les médias sociaux. Sonia Lupien aide les gens à trouver des solutions pour réduire le stress dans leur vie. Elle a publié un livre intitulé Par amour du stress qui éduque sur les effets néfastes du stress et participe de façon hebdomadaire à l’émission Médium-Large de Catherine Perrin à Radio-Canada où elle vulgarise le sujet pour le grand public afin d’avoir un impact direct dans la communauté et sur la qualité de vie des gens. Elle a même contribué à la réalisation d’un film avec Alexandre Hamel visant à dé-stigmatiser les hôpitaux psychiatriques au sein du public et à rendre ces établissements plus humains et accessibles.
Sonia Lupien a reçu le prix de 40 most influencials under 40 pour les entrepreneurs et les scientifiques qui se démarquent. Elle a également été reconnue par le revue McLean comme l’une des 10 personnes qui font une différence au Canada. Encore plus impressionnant, si cela est possible, dans le cadre de la conférence « Mind & Life » s’étant déroulée le 16 mars 2018 en Inde, Sonia Lupien a eu l’opportunité de rencontrer sa Sainteté le Dalai Lama, de même que de s’exprimer lors d’une conférence.
Modèle féminin dans un monde traditionnellement masculin
Épanouie, heureuse et énergique, Sonia Lupien est une femme d’exception et un génie de la science. Elle a des capacités de conviction et de motivation hors du commun. Elle montre aux femmes que la science n’est pas seulement un monde réservé aux hommes et inspire les filles à étudier dans ce domaine. Elle travaille présentement à bâtir des partenariats au niveau mondial pour faire avancer ses travaux et les faire rayonner encore plus à l’international. Elle est, à sa manière, en train de révolutionner l’univers de la science. Et nous sommes impatients de voir ce que l’avenir lui réserve.