Biographie de Shahrzad Arshadi
C’est à Shahrzad Arshadi que nous devons la lutte au Canada et en Iran pour honorer la mémoire et l’œuvre de l’activiste et photographe Zahra Kazemi. Cette femme québécoise d’origine iranienne, dont l’histoire est tristement bien connue, a été détenue en Iran en 2003 à la prison d’Evin, l’une des plus meurtrières au monde. Elle est décédée suite à des traitements inhumains en prison.
Pourtant, Shahrzad Arshadi n’a jamais croisé madame Kazemi de son existence. Photographe d’origine iranienne vivant à Montréal, artiste multidisciplinaire, fille d’ancien prisonnier politique, et elle-même militante féministe, Shahrzad a bien failli perdre la vie à plusieurs reprises dans ses multiples combats. Il y a des femmes et des hommes dont les gestes sont d’un humanisme si profonds, qu’ils mériteraient de sortir de l’ombre pour toujours. C’est le cas de Shahrzad.
L’implication de Shahrzad Arshadi dans l’histoire de madame Kazemi a donc débuté en 2003, alors qu’une journaliste de La Presse qui couvrait et qui couvre encore les affaires internationales, a fait appel aux services de traduction de son amie Shahrzad dans l’affaire Kazemi.
La journaliste cherchait alors à savoir quelle était la situation de madame Kazemi en Iran auprès du fils ce celle-ci, Stephan, qui lui vivait au Canada et qui ne parlait que très peu sa langue maternelle. C’est alors que Shahrzad est entrée en scène.
Le tout a commencé par un appel à la demande de la journaliste de La Presse à la mère de Zahra Kazemi qui vivait alors en Iran et ne parlait que le perse. La journaliste cherchait alors à connaître l’état de santé de Zahra Kazemi. Shahrzad, qui agissait à ce moment comme traductrice, dut ainsi annoncer une terrible nouvelle à la journaliste et au fils de madame Kazemi, soit la mort cérébrale de Zahra Kazemi, décédée quelques jours plus tard, le 10 juillet 2003.
Comment annoncer à un jeune homme dans la vingtaine que sa mère avait été tuée par un régime islamique qu’elle avait fui des années plus tôt? Shahrzad l’a pourtant fait avec toute la douceur du monde.
Elle aurait bien pu poursuivre son chemin, elle qui était déjà mère, artiste, femme d’affaires et qui avait une vie bien remplie. Mais il en fut tout autrement. Militante des droits humains, elle a ensuite travaillé pendant 11 ans sans répit et sans demander le moindre sou, pour que la cause de madame Kazemi ainsi que celle de son fils ne tombe pas dans l’oubli.
Pour que justice et dignité humaine leur soit rendue, et pour que le gouvernement canadien mette de la pression à l’international.
Le combat a été dur, très dur. Malgré d’immenses efforts, Shahrzad et Stephan n’ont malheureusement jamais pu rapatrier le corps de Zahra Kazemi au Canada, mais c’est grâce à eux si aujourd’hui, le gouvernement iranien est pointé du doigt par la communauté internationale pour violation du droit des prisonniers politiques, dont Zahra Kazemi est le triste symbole.
En pigeant dans son temps, ses ressources et ses économies, que ce soit dans les médias, dans les ministères, par les arts ou simplement par son humanisme, Shahrzad Arshadi a apporté un baume d’amour et d’espoir sur une histoire pourtant tragique. Elle mérite aujourd’hui toute la lumière qui lui est due.