Biographie de Michèle Audette
Un parcours tumultueux
Michèle Audette est née à Wabush au Labrador dans une communauté où la violence, les agressions sexuelles, le racisme et la discrimination font partie des réalités quotidiennes. Née de l’union d’une mère innue et d’un père québécois, Michèle porte en elle deux cultures cohabitant difficilement à l’adolescence. Subissant le rejet de certains membres de sa communauté ne la percevant pas comme une « vraie » Innue, Michèle peine à se forger une identité, ce qui aura eu des répercussions dans sa vie.
Aujourd’hui leader autochtone reconnue et épanouie, Michèle Audette développe un mal être tôt dans sa vie. Déjà à l’adolescence, les idées noires germent en elle et par deux fois, elle tente de mettre fin à ses jours. Avec l’aide de soins et de thérapies, Michèle parvient à chasser ses démons durant plusieurs années et donne naissance à ses deux premiers garçons dans un contexte de sérénité et de paix.
Entre 1994 à 2004, Michèle Audette s’implique auprès de l’organisation Femmes Autochtones du Québec (FAQ) et auprès du Centre d’amitié autochtone de Montréal. En 1998, alors âgée de 27 ans, elle devient présidente de la FAQ, événement marquant qui la propulse à la fois vers les plus belles aventures de sa vie, mais aussi d’autres plus sombres : harcèlement en milieu de travail, séparation, épuisement.
Durant ces années tumultueuses, Michèle Audette donne naissance à ses jumelles au terme d’une grossesse difficile, ce qui fait resurgir les vieux monstres de son passé. Une peur et une vulnérabilité s’immiscent en elle et l’envahissent. La peur que ses deux filles grandissent dans un environnement toxique et subissent les horreurs vécues dans sa propre enfance. Les tracas et aléas de la vie s’accumulant, Michèle plonge dans une profonde dépression après la naissance de son dernier enfant. En août 2013, elle perd le contrôle de sa vie et tente pour une ultime fois de s’enlever la vie.
Le chemin vers la guérison
Michèle Audette entame alors une longue traversée. Elle parvient à lâcher prise, à mettre son orgueil de côté et accepte finalement l’aide nécessaire pour laisser place à un vrai processus de guérison. Grâce au soutien de ses parents, de ses enfants et de ses mentors, Michèle réussit à sortir de la noirceur qui l’habite. Elle réalise pour la première fois que ses blessures avaient été plus importantes qu’elle ne le croyait. Depuis 2013, Michèle Audette ne marche plus dans la honte, elle s’est pardonnée et remercie la vie tous les jours. Se nourrissant d’espoir, elle garde les épaules droites, voit la vie plus positivement et croit en l’avenir.
Bien que la souffrance infligée par sa communauté ait nuit à son épanouissement, le désir de se battre et la soif de justice sociale de Michèle Audette ont toujours été présents. Elle prend conscience très jeune à travers l’amour de ses parents que son parcours tortueux et les embûches sur sa route ne doivent pas faire obstacle à l’atteinte de ses rêves. Comme elle le dit si bien : « Les objectifs sont les mêmes, ce sont les stratégies pour les atteindre qui diffèrent ».
Militer pour les femmes autochtones
Passionnée, infatigable, déterminée et d’une extrême sensibilité, Michèle Audette ose faire partie de ceux et celles qui veulent changer les choses pour le bien commun. À travers sa carrière, Michèle a le privilège de rencontrer de nombreuses femmes inspirantes qui croient en elle, la soutiennent et lui font connaître le mouvement féministe.
Pour Michèle Audette, l’avancement des femmes dans la société se matérialise avec chaque petite victoire. La somme de ces petites victoires permet de grandes avancées pour les femmes à travers le pays. C’est à travers l’union et l’entraide que nous avons le pouvoir de rendre la voix des femmes plus forte.
Parmi ses réalisations, Michèle Audette poursuit le combat de sa mère contre la clause de la « Loi fédérale sur les Indiens » stipulant qu’une femme autochtone qui se marie à un non-autochtone peut être expulsée de sa communauté. Elle travaille aussi sur le sujet de la division des biens immobiliers matrimoniaux dans les communautés autochtones. Elle participe également à la mise au point du réseau des maisons d’hébergement autochtones au Québec et au développement de la première politique et plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale pour les femmes autochtones.
Michèle Audette est une rassembleuse. Elle entreprend constamment des démarches inclusives visant une société plus juste, dont la Marche Amun. Cette marche de 500 km entre la ville de Québec et d’Ottawa visait à amener le gouvernement à corriger des éléments discriminatoires de la « Loi fédérale sur les Indiens » à l’égard des femmes autochtones. Cette initiative a permis la mobilisation de centaines de femmes, sensibilisé le public et amené le Gouvernement du Canada à réaliser les amendements nécessaires afin de rétablir la justice à l’égard de milliers de femmes et d’enfants.
Au cours des dernières décennies au Canada, près de 1000 femmes autochtones ont été assassinées ou sont disparues. Michèle Audette est l’une personne à l’origine de la création de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles disparues et assassinées visant à élucider ces meurtres et disparitions, de même qu’à enrayer les causes systémiques de la violence envers les femmes et les filles autochtones.
À la défense des plus vulnérables
Michèle Audette porte sa voix à la défense des plus vulnérables de la société. Passionnée, résiliente et dévouée, elle parvient jour après jour à créer des ponts entre les peuples. Son aisance et son aptitude à vulgariser les enjeux propres aux peuples autochtones permettent de sensibiliser et de mobiliser les gens de manière à trouver des solutions porteuses de changement.
Michèle Audette prévoit écrire un livre mettant en valeur des personnes de tous horizons méritant selon elle d’être connues. Il s’agirait d’un dialogue entre Québécois et Autochtones racontant leurs mémoires passées, leurs réalités actuelles et les solutions possibles à mettre en place dans le but d’amener des changements positifs et constructifs pour tous. Une lecture qui saura inspirer le développement et le renforcement des nations vers un but commun : la paix et la justice sociale.