Biographie de Kim Thúy
Une odyssée houleuse, suivie d’un parcours sinueux
Au printemps 1975, la guerre prend fin au Vietnam. S’ensuit un exode de réfugiés par voie maritime qui seront plus tard surnommés les « boat people ». Dans l’une de ces petites embarcations surchargées se trouvent Kim Thúy, alors âgée de 10 ans, ainsi que sa famille ayant pris fuite à grande peine du camp de réfugiés où ils vivaient pour éventuellement s’installer au Québec.
Peu de temps après l’arrivée de la famille de Kim Thúy à Granby, son père se fait offrir son premier emploi par le directeur de l’Hôtel Castel. Par ce premier geste d’inclusion, cet homme, d’une grande sagesse et bonté, a un impact majeur sur leur vie et change leur vision du monde. L’amour inconditionnel de ses parents et leur soutien influencent également la vie de Kim Thúy. Son père lui a transmis le « gène du bonheur », et sa mère lui a enseigné comment surmonter ses peurs en lui donnant les bons outils qui l’ont façonnée en une personne forte, engagée et passionnée. D’autres mentors influents ont aussi formé et accompagné Kim de près à travers sa vie personnelle et professionnelle. Tous ces gens font désormais « partie de son ADN ».
Dès son arrivée au Québec, Kim Thúy s’intègre, puis s’enracine. Elle apprend le français et poursuit ses études menant à l’obtention de deux diplômes de l’Université de Montréal : un baccalauréat en traduction, puis un baccalauréat en droit, suivi par l’École du Barreau.
Au fil du temps, Kim Thúy travaille comme couturière, interprète, avocate, agente consulaire, propriétaire de restaurant et même chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision. Aussi différentes les unes des autres, ces expériences la mène finalement vers sa vocation actuelle : l’écriture.
Une auteure de talent, sensible et engagée
Son premier roman, Ru, publié en 2009, connaît un succès fulgurant dès sa sortie. Ce best-seller au Québec et en France est traduit dans plus de vingt-cinq langues et remporte de nombreux prix littéraires dont le prestigieux prix du Gouverneur général du Canada en 2010.
Kim Thúy cherche constamment à approfondir ses connaissances et à affiner sa compréhension de l’autre. Lors d’un événement littéraire à Monaco, elle rencontre l’auteur franco-slovaco-suisse Pascal Janovjak. Cette rencontre marquante se développera en une correspondance qui prendra la forme d’un livre intitulé À toi, paru en 2011. L’œuvre coécrite par ces deux auteurs raconte le parcours de deux enfants de l’exil et du nomadisme à travers des souvenirs et anecdotes.
En 2013 paraît le troisième livre de l’auteure, Mãn, traduit en neuf langues, racontant l’amour d’une femme pour ses mères qui l’ont chacune à leur tour fait naître, allaitée, élevée. Paru en 2016, le quatrième livre de Kim Thúy raconte l’histoire de Vi, jeune fille dont le nom désigne ce qui est infiniment petit ou microscopique, « petit trésor » familial destiné à être protégé, mais qui se retrouve malgré elle dans la grande Vie et ses tumultes.
Kim Thúy est mère d’un adolescent autiste. Lorsqu’elle prend connaissance de la méthode développée par Brigitte Harrisson et Lise St-Charles, spécialistes de l’autisme et fondatrices de SACCADE, Kim réussit à comprendre et à se faire comprendre par son fils Valmond, ce qui transforme sa vie. Le livre L’autisme expliqué aux non-autistes, né d’une collaboration entre Kim Thúy et les deux spécialistes (Brigitte étant elle-même autiste), vise à partager avec d’autres familles les bénéfices de cette méthode dans un ouvrage accessible ponctué d’anecdotes permettant de mieux comprendre ce trouble et ses implications.
Dans son tout dernier ouvrage, Kim Thúy partage plus de 50 recettes provenant de son pays natal, le Vietnam, souvent accompagnées par un court texte, un extrait de livre ou une anecdote, ouvrant ainsi au lecteur la porte de l’univers singulier de l’auteure. Kim possède un talent indéniable pour raconter à cœur ouvert des histoires avec finesse, humour et vérité.
Une voix pour les réfugiés et les immigrants
À travers ses nombreuses conférences, Kim Thúy se réjouit de parler de la culture québécoise, du pays qui lui a donné un lieu, une maison, une deuxième chance à la vie. En acceptant de parler publiquement de son passé, Kim contribue à sensibiliser la collectivité à la réalité des réfugiés et à apposer un visage humain à ce phénomène. En 2017, elle reçoit un doctorat honorifique pour avoir prêté sa voix à l’expérience des réfugiés.
Partout où elle passe, Kim Thúy marque les gens par son humilité, sa passion, sa générosité, sa simplicité et son ouverture à des causes en tant que femme et mère. Elle incarne un modèle de résilience, de travail acharné et de talent. La petite fille de 10 ans qui ne parlait pas français est devenue une écrivaine lue partout à travers le monde. Avec une distribution dans vingt-cinq pays et sept prix littéraires, Kim Thúy inspire le monde, un lecteur à la fois.
Membre du conseil d’administration du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), Kim Thúy a reçu le Prix de la tolérance Paul Gérin-Lajoie. Elle est chevalière de l’Ordre national du Québec et récipiendaire de la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec. Elle est également porte-parole du Petit-Robert depuis 2016 et son nom figure dans l’édition 2018 du Robert illustré.
Recevoir un prix pour Kim Thuy est plus qu’une reconnaissance ; c’est une opportunité pour elle de parler du lieu d’où elle vient, de la culture qui l’a élevée, des gens qui l’ont soutenue, mais surtout, c’est une chance pour elle de donner une voix aux sans-voix. Le public lui pose souvent des questions sur les réfugiés et les immigrants, des sujets à propos desquels elle ne se lasse pas de parler. La plupart du temps, les réfugiés et immigrants n’ont pas de voix, de visage, d’histoire, de vie. Ce sont des mots génériques et Kim se donne la responsabilité de leur donner un visage et d’humaniser leurs mots ; une responsabilité qui est plus grande que ses écrits, plus grande qu’elle.
La beauté sauvera le monde
La mission de vie de Kim Thúy est de ralentir la course de gens pour qu’ils puissent voir toute la beauté qui les entoure. Comme elle le dit si bien : « Si nous prenons le temps de nous arrêter un peu, c’est là où l’extraordinaire émerge et se révèle ». Lorsque Kim se retrouve à parler devant public, le monde externe n’existe plus. Durant ces moments intimes, elle et son auditoire forment un cocon, une bulle ; le temps s’arrête et de là émergent la richesse et la beauté. L’une de ses devises est une phrase célèbre de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde ». Selon Kim Thúy, la capacité de voir la beauté de ce monde est notre seule arme de résistance contre toutes formes de menaces et d’arbitraire.
Comment ne pas être inspiré par cette vie qui nous dépasse ? Kim Thúy est une passionnée de la vie et une grande admiratrice de la beauté du monde. Elle s’exalte en voyant les premières fleurs du printemps qui s’empressent d’éclore à l’arrivée du beau temps. Elle se réjouit de faire sourire le chauffeur de taxi grognon qui l’accompagne à sa prochaine destination. Elle se taquine en apercevant un soupçon de cellulite sur son genou. Elle a ce don inné et bien ancré en elle de transmettre sa joie de vivre à tous ceux et celles qui l’entourent. Elle ne se laisse pas abattre dans l’adversité et finit toujours par voir le positif là où beaucoup n’arrivent pas à le voir. Son énergie lumineuse et son rire contagieux ont le pouvoir d’affecter positivement quiconque ayant la chance de croiser son chemin. En d’autres mots, Kim Thúy inspire le bonheur.