Impact
La musique a de tout temps fait partie du patrimoine humain mais ce n’est qu’aujourd’hui que la musique est reconnue comme l’un des derniers mystères que les neurosciences sont parvenues à percer, du moins en grande partie. Au cours des trois dernières décennies, Isabelle Peretz a fait de Montréal la capitale mondiale de l’étude du cerveau musical. Elle a été parmi les premières à montrer que la musique peut servir la médecine. Elle a démontré que la musique peut aider l’aphasique à parler, peut servir d’analgésique et peut stimuler la mémoire de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Visionnaire, elle a saisi que l’impact de ses recherches pouvait être décuplé et pérennisé si elle parvenait à regrouper autour d’elle d’autres passionnés du cerveau et de la musique. En 2005, elle créait ainsi le BRAMS (International Laboratory of BRAin, Music and Sound research), bâti sur le campus de l’Université de Montréal. Elle a obtenu, en 2007, plus de 14 millions de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation pour acquérir l’infrastructure nécessaire à la concrétisation de ce centre unique, qui a d’ailleurs fait les manchettes de nombreux journaux canadiens et internationaux. Isabelle Peretz en est une pionnière et attire les meilleurs étudiants et scientifiques non seulement du Québec mais de l’étranger.
Innovation
Isabelle Peretz a une formation en guitare classique et sa passion pour la musique est toujours intacte, trente ans après l’obtention de son doctorat en psychologie de l’Université Libre de Bruxelles. Vous êtes-vous déjà demandé à quoi sert la musique et dans quelle mesure elle est spéciale? C’est en se posant ces questions qu’Isabelle Peretz, très tôt dans sa carrière, est parvenue à intégrer sa passion pour la musique à la recherche scientifique. L’étude du cerveau musical était un terrain encore vierge certes, mais très prometteur. Non seulement innove-t-elle en alliant recherche en neurologie et musique, mais elle se concentre sur les auditeurs ordinaires alors que les rares recherches faites dans le domaine s’intéressaient uniquement au cerveau de l’élite musicale, les musiciens de haut calibre. Isabelle Peretz impose ainsi sa conviction que les compétences musicales sont acquises spontanément et précocement, à l’instar des habiletés langagières, chez tous les humains. Isabelle Peretz établit ainsi les bases biologiques de la musicalité. D’ailleurs, en 2015, elle reçoit le Prix d’excellence du FRQNT qui vient souligner le remarquable parcours scientifique d’Isabelle Peretz, première femme à recevoir ce prix depuis son instauration en 2010.
Isabelle Peretz a eu l’audace d’allier arts et science et ainsi, imposer un nouveau champ de recherche multi-disciplinaire. Elle ne craint pas d’imposer sa vision en rupture avec les approches traditionnelles. Elle est convaincue, et le présent lui donne raison, qu’une démarche interdisciplinaire permet d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche, d’inaugurer des cadres conceptuels inédits, de jeter un regard neuf sur des phénomènes complexes et d’apporter des solutions innovantes à des enjeux en apparences incompatibles.
Engagement
« Le chant commence avec la mère, même celle qui chante faux », dit Isabelle Peretz. Depuis plus de 30 ans, elle croit que la musique est spéciale. La musique est un art de participation qui unit, qui rassemble et qui guérit. Recherchée pour son éloquence et ses présentations multimédias, Isabelle Peretz est invitée à s’adresser au grand public partout dans le monde. Elle intervient régulièrement à la radio, à la télévision, dans les documentaires locaux ici et ailleurs dans le monde et, enfin, dans des publications reconnues telles que Le Devoir, The Gazette, mais aussi The New York Times, The Scientist, Scientific American, The Economist, Time Magazine.
Isabelle Peretz est fort sollicitée par la communauté et répond à chaque fois avec enthousiasme. Elle contribuera à l’exposition « Musik : du son à l’émotion », inscrite au programme du Centre des sciences de Montréal (2012-2013), exposition qui a reçu de nombreux visiteurs et des critiques élogieuses; en 2015, elle a fait une tournée de conférences sur « Musique et cerveau : un duo gagnant pour l’apprentissage », dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean pour promouvoir l’éducation musicale. Elle s’implique au sein de la communauté comme membre du conseil d’administration de la Société des Arts dans le Milieu de la Santé depuis 2011 qui organise plus de 600 concerts par année dans les CHSLD et récemment, comme membre du comité Art et science du Musée des Beaux-Arts de Montréal.
Inspiration
Il n’y a pas si longtemps, la musique était considérée soit comme un jeu de l’esprit, soit comme le vestige d’une époque lointaine où elle formait, avec le langage, une fonction indifférenciée. C’est à Isabelle Peretz que l’on doit l’impulsion décisive donnée à la neurobiologie de la musique. Ses travaux ont révélé que la musique constituait une fonction cognitive à part entière activant des régions cérébrales spécifiques et ils laissent entrevoir pourquoi elle est universelle. La musique est certes un art, un grand art, mais le fait qu’elle emprunte des circuits étant en partie liés avec le plaisir porte à croire qu’elle répond à des besoins biologiques fondamentaux et pourrait avoir joué un rôle majeur dans l’évolution humaine.
De plus, Isabelle Peretz est une infatigable bâtisseuse dans un domaine rarement occupé par les femmes. Une exception notable est Brenda Milner de l’Institut de Neurologique de Montréal, devenue un symbole vivant de l’avènement des femmes en sciences. Isabelle Peretz brigue une place similaire mais dans un croisement audacieux entre la neuroscience et la musique.