Biographie d’Ève Lamont
Ève Lamont brise les tabous et les porte à bout de bras, de la lentille de sa caméra aux yeux de la société. Elle assume avec aplomb la polémique que suscitent inévitablement ses films. Elle ne se contente pas de contribuer au débat social, elle crée des espaces de débats publics, notamment sur des sujets qui touchent de près des problématiques sociales trop souvent reliées aux femmes dont la pauvreté, l’exclusion et l’exploitation sexuelle.
Il y a 30 ans, Ève a commencé à filmer et à se tailler un chemin en tant que technicienne. Elle fut ainsi la première camérawoman à travailler dans diverses chaines de télévision québécoises. Elle réalisait alors en parallèle des courts et moyens métrages entièrement autofinancés et présentés dans différents secteurs éducatifs et sociaux. Son premier court métrage, Des Squatteureuses, a ainsi remporté le prix du public au Festival de films des femmes de Montréal en 1988.
Se sont ensuite enchaînés de nombreux projets, dont son premier long métrage, Méchante Job en 2001, où elle y dépeint les différentes formes de discrimination envers les pauvres, l’exploitation au travail, et les façons de se réaliser autrement.
Ève Lamont a toujours recherché et exploré des alternatives et des expériences porteuses d’espoir. C’est en 2010 qu’elle a donné la parole aux femmes qui tentent de quitter la prostitution avec la réalisation du documentaire L’imposture, puis avec le Commerce du sexe en 2016, où elle a mis à nu le système bien caché du réseau de la prostitution, notamment chez les femmes autochtones. Ses documentaires ont fréquemment été utilisés comme outils de débats public et ont été présentés sur les ondes de plusieurs chaînes de télévision dont CBC, Radio-Canada et TV5 Monde.
Alors que bien des cinéastes choisissent des vedettes et des gens connus afin de mousser leur œuvres, Ève a choisi de donner la parole à ceux et celles qui n’ont pas de voix dans les médias et dont l’histoire est méconnue. Chacun de ceux qui participent à la réalisation de ses documentaires ont des pouvoirs décisionnels au niveau du contenu. Elle prête son œuvre avec respect à celui qui accepte de lui livrer une parcelle de sa vie, souvent celle qui est la plus difficile à dévoiler. C’est bien souvent seule qu’elle réalise, filme et scénarise ses entrevues. Soucieuse d’avoir des rapports équitables avec chacun des protagonistes de ses documentaires, Ève combine création, information et soutien aux personnes marginalisées qu’elle accompagne.
Ève Lamont prend part depuis sa jeunesse à des démarches de solidarité dans le milieu montréalais, que ce soit celui de la contre-culture, de l’environnement ou de la juste représentation des femmes dans le milieu du cinéma, de la télévision et du multimédia. Elle a notamment cofondé le groupe Réalisatrices Équitables, en 2007, et a siégé activement sur son conseil d’administration jusqu’en 2011. Elle a ainsi contribué à faire reconnaître les préjudices vécues par les réalisatrices et à faire avancer les institutions sur la parité homme-femmes dans ce domaine. L’ONF, Téléfilm Canada et la SODEC ont a effectivement annoncé récemment leur intention d’atteindre la parité d’ici quelques années.
Chaque nouveau film d’Ève lève le voile sur une forme d’inégalité sociale et la dénonce. Elle le fait avec courage, fougue, passion et détermination. Partout, ses réalisations ont laissé derrière elle des communautés informées, émues et mobilisées. Elle ne se camoufle pas, ne se justifie pas et surtout, elle insuffle le courage de résister au prêt à penser.