C’est en l’an 2000 que Caroline Martel a connu, pour la première fois, le programme de réinsertion sociale de la Résidence du Y des femmes de Montréal. Elle venait de recevoir un premier diagnostic d’un trouble de santé mentale. Sa vie prend dès lors un détour inattendu et elle doit faire face à l’inconnu. Elle finit par abandonner ses études en infographie et a du mal à accepter cette nouvelle réalité. Caroline décide de quitter la Résidence et de partir en colocation avec une autre participante, une expérience qui va s’avérer un échec. Elle vit difficilement avec sa maladie et se referme sur elle-même.
En 2003, la mère de Caroline vient au Y des femmes pour parler avec son intervenante et lui demander conseil, car sa fille allait de plus en plus mal. Peu de temps après, Caroline est hospitalisée et reçoit un diagnostic de schizophrénie paranoïaque. Pour cette dernière, c’est le soulagement, car elle sait enfin de quoi elle souffre. Grâce à la prise de médicaments, les symptômes s’atténuent sans toutefois disparaître complètement. Elle doit apprendre à vivre avec sa maladie et composer avec le jugement des autres. Comme pour bien de personnes vivant avec une maladie mentale, l’impact négatif du jugement des autres est le sentiment d’isolement qu’éprouvent ces personnes.
À la suite de son hospitalisation, Caroline va vivre dans un foyer d’accueil pour personnes vivant avec des problèmes de santé mentale. Après quelques mois et déterminée à développer son autonomie, Caroline fait appel au soutien du Y des femmes de Montréal. C’est en 2004 qu’elle retourne à la Résidence, animée de la volonté d’apprendre à vivre avec sa maladie et de développer ses habiletés quotidiennes. Au Y des femmes, elle y trouve le soutien nécessaire pour se reprendre en main et apprendre à faire confiance aux autres. Elle décide même de faire du bénévolat. Petit à petit, la vie reprend son cours.
En 2005, elle déménage dans un logement aux Jardins du Y des femmes, un projet de logements abordables avec soutien communautaire. En 2008, Caroline fait face à un évènement difficile, sa mère avec qui elle était très proche est atteinte d’un cancer en phase terminale. Avant de mourir, sa mère lui confie qu’elle était soulagée de la savoir aux Jardins du Y des femmes, bien entourée et en sécurité. Ces mots encourageants aident Caroline à passer à travers cette épreuve et elle en est ressortie plus forte.
Les années passent et Caroline accroit sa confiance en elle et entame un programme de réinsertion à l’emploi avec Accès-Cible. Elle continue à participer aux activités offertes par les Services résidentiels et compte au besoin sur l’appui de son intervenante. Elle contribue à sa façon à la société en continuant à faire du bénévolat. Celles qui l’ont connu vous diront de Caroline qu’elle a inspiré les autres par sa gentillesse, son courage, sa détermination et sa générosité de cœur. Bien qu’elle nous ait quittés, nous gardons d’elle le souvenir d’une personne qui n’a jamais cessé de persévérer pour se donner un avenir à la hauteur de ses rêves, et ce, malgré les hauts et les bas de la vie qu’elle a connus.